Les personnages Evgenia Saré, vifs et surprenants, animent à jamais un conte de fées décalé pour adultes sidérés d’exister.
La face domine frontalement, isolée ou dupliquée, dans le charnel miroir d’un couple éternisé. Foule d’êtres émouvants, assemblés par le hasard, la fête, la paix, ou la tendresse. Somptueuse théâtralité d’un ordinaire superbement transgressé, mine de rien, par le dedans. Corps innombrable et joliment scabreux.
On dirait chaque œuvre lissée de milliers de coups de pinceaux. On dirait la surface policée de l’intérieur par des milliers de coups d’œil attendris et respectueux. Chromatique prodigieusement maîtrisée. Corporéité fantasmée, larvaire et dilatée, débordante de sensuelles joyeusetés.
Laiteuse, compacte et boursouflée, la chair peinte d’Evgenia Saré, d’une saisissante proximité, se teinte d’un très accrocheur rose vif, cependant que l’ironie, acerbe et pudique, latente et serrée, prend la scène entière à son compte. Au creux de cette délicate et pudique obscénité, s’ajoutent les puissances chaotiques d’un corps archaïque et précieux, toujours montré en tenue d’apparat.
Evgenia Saré invente de prodigieux tours de passe-passe, créant à tout-va de subtils pièges à regards, amoureux et humoureux.
Artiste rare et profondément singulière, Evgenia Saré ose exhiber les dessous des cultures…