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On en parle

Eugène Leroy – “A contre-jour”

Chantal Vérin, le 27 mai 2022

Le Musée des Beaux-Arts de Tourcoing, rebaptisé “Muba Eugène Leroy” depuis la très importante donation de plus de 450 œuvres et archives de l’artiste par sa famille en 2009, présente “Eugène Leroy, A contre-jour“,

exposition conçue en partenariat avec le Musée d’art moderne de Paris, qui, de son côté, organise une grande rétrospective “Eugène Leroy. Peindre”.

La bambara

L’exposition se déploie en deux lieux du musée. Dans la salle aux Colonnes de l’ancien hôtel particulier du XIXème siècle est évoqué le milieu culturel et artistique du Nord des années 1960, l’une des scènes européennes les plus dynamiques de l’après-guerre. Eugène Leroy (1910-2000) fréquentait Eugène Dodeigne, Germaine Richier, Georges Rouault, André Lanskoy, et dialoguait avec le peintre du Groupe de Roubaix Marc Ronet. Le conservateur Jacques Bornibus et le galeriste Marcel Evrard l’admiraient et l’exposaient, les grands industriels du textile le collectionnaient.

Autoportrait en Flandres

Eugène Leroy voyageait : à Bruges, à Gand, à Ostende, sur les traces de Bosch, de Rembrandt ou d’Ensor. Il s’imprégnait de toutes les cultures ! Les rencontres et les échanges avec des personnalités d’exception le nourrissaient, sans jamais entraver une création très singulière. Cette partie de l’exposition s’enroule autour de quatre thèmes, la figure humaine, le paysage, la vanité et le fantastique. De fortes figures humaines, une Maternité-Bambara et des silhouettes de femmes voisinent avec des bronzes de Jean Roulland et de Germaine Richier, et des portraits aux yeux de trous noirs et des Vanités sont juxtaposés. Le choix d’un même sujet lors d’un voyage en Hollande pointe le lien étroit avec Arthur Van Hecke.

La grande nef attenante, aux lumineuses verrières Art Déco, abrite les grandes peintures de “l’Ensemble des Saisons” (1993-1994). Quatre versions verticales de grand format, auxquelles répondent quatre petits formats, évoquent les variations de lumière et de couleur de chaque saison, dans une infinie richesse de tons et de mélanges. Œuvre tardive inspirée du Jardin de l’atelier à Wasquehal, et agrémentée d’un poème manuscrit.

Eté

Une encre de Claire Chesnier, un conglomérat de résidus improbables de Mimosa Echard, une tapisserie de Caroline Achaintre, ou encore une installation sonore de Philémon Vanorlé et Marc Bour interrogent en contrepoint l’œuvre inclassable d’Eugène Leroy.

Un beau catalogue, entièrement consacré à la donation de l’artiste au musée, est publié avec textes et essais de Mélanie Lerat et Christelle Manfredi, directrice et directrice-adjointe, et des historiens de l’art Germain Hirsjel et Bernard Marcadé.

En Une : Silhouettes de femmes

Jusqu’au 2 octobre 2022
Muba Eugène Leroy – Tourcoing (59)