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On en parle

Éric Le Blanche – Paysages de chair

Christian Noorbergen, le 13 janvier 2022

Éric Le Blanche (1951-2016), artiste singulier, a œuvré toute sa vie dans le secret de la Villa Palatine, nom qu’il avait donné à sa demeure de Vouvant (Vendée). Pendant ses trente années d’activités, il a recouvert de fresques les murs de sa maison et a réalisé plusieurs dizaines de milliers de dessins, sur papier ou sur carton, ainsi que des bas-reliefs et quelques sculptures.

Il écrit également des poèmes et des textes exprimant un profond questionnement spirituel. Son œuvre, découverte après sa mort, a été presque entièrement détruite, à l’exception d’un certain nombre de réalisations sauvées in extremis par le Département de Vendée, quelques amateurs, et, une efficace association dirigée par Jacques Burtin, créateur d’un grand livre et d’un film (“Le Cœur transparent“, 72 mn) présentés l’un et l’autre à la Halle Saint Pierre, durant l’exposition consacré à Éric Le Blanche.

Visage bleu aux diadèmes – 29,7×21 cm

L’art pur et enciellé d’Éric Le Blanche, à grands traits souples et resserrés, ou bien dans la profusion chromatique la plus chargée, dit l’absolu de la présence humaine. En rituel d’apparition, en dénuement latent, pudique et subtil, il ensemence le vide. Il ramène à l’effarement initial des premiers regards, quand les bouleversements de l’enfance épousent les premiers chocs du monde. 

Profil féminin – ©photo Françoise Murillo

Trace large ou ténue, alphabet d’existence, calligraphie d’obsession, le geste-signe est premier, infime, chargé, aventureux et surprenant. Et la face humaine, comme un suaire oublié, est toujours poignante, éperdue, précaire, et saisissante d’impact décalé. Création singulière en peine capitale. Inlassable création, infiniment secrète, qui atteint les voies extrêmes du presque rien, quand cependant règne l’essentiel. 

Tête penchée – Encre – ©photo Françoise Murillo

La peinture d’altérité d’Éric Le Blanche, de tendresse et d’abîme, dit l’impensable de la vie ouverte. Sa parole anonyme est sublime de discrétion. Elle fait remède au chaos initial de l’incarcération corporelle. Elle maintient intactes les sources possibles d’une existence espérée vainement innombrable et plurielle. Les grands tracés d’Éric Le Blanche, vastes et libres, sont toujours éclairants, comme de possibles talismans de chair venus d’un outre-monde enfin habitable.

Jusqu’au 31 janvier 2022
Halle Saint Pierre
Diffusion du Film “Le Cœur transparent“
Dimanche 23 janvier 2022 à 15h

En Une : Procession – ©photo Françoise Murillo