Les élémentaires de la nature sont le territoire d’art d’Eric Herrmann : les tréfonds du dedans d’une étendue décantée à la fois intemporelle et fabuleusement intériorisée.
Quête d’une essentialité purement picturale, dans les arcanes du grand rêve. Art de dénuement et d’ascèse mentale qui donne place d’immensité à sa chromatique émouvante et envoûtée. Un rien d’inquiétude, voire de drame latent, couve dans ces profondeurs embuées, en étreintes d’affect secret.
Les espaces désertés d’Eric Herrmann se nuancent parfois d’une sourde incandescence, retenue et pudique. Art sous tension, et de pure présence évidée. Les matières ici sont nues, dépouillées de toute trace d’ego et de modernité fatiguée. Quelque chose d’archaïque hante ces peintures enchantées et lumineuses, comme issu d’une nature primordiale.
Chez Eric Herrmann, murmures du monde et chants de l’art s’étreignent. Il creuse la voie mystique d’une peinture, entourée d’absence. Absence nue, avide, et devenue féconde en effaçant ce qui gravite autour du visible et qui se désigne aveuglément dans toutes les illusions du monde.
Chaque peinture, fût-elle née d’un fragile support de papier, semble éterniser un instant unique, sacralisé lors du cycle éternel des renaissances, dans un fabuleux accomplissement toujours imminent. Les souvenirs des choses terrestres deviennent ascèses picturales, et dans l’espace innombrable, Eric Hermann incante sans fin les thèmes de ses partitions méditatives.
Dans les voiles de l’œuvre, dans ses replis ombreux, on voit tension étirée, densité de métal – jusque dans ses reflets colorés – présence évidente de sources convulsives, venues soudainement du fond des âges, là où s’étreignent les flammes veloutées de l’enfance, sous le scalpel sans poids d’une lumière apaisée et infinie. Eric Herrmann sait atteindre, comme naguère Caspar David Friedrich, dans une fusion subtile, l’unité profonde des mondes. Les éléments s’unissent, œuvrant ainsi un espace symbolique d’air vivant infiniment ouvert.
Dans la splendide demeure de la galerie, remarquablement habitée, outre Eric Herrmann, une superbe exposition de groupe, de Stéphane Dauthuille à Oswald Olivato, de Tony Guillois à Anne K.
Jusqu’au 10 janvier 2021 Point Rouge Gallery – Saint-Rémy-de-Provence (13)
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