Né en Caroline du Nord non loin des Outer Banks, terre de piraterie et de chercheurs de trésor, Dylan Cremins grandit dans un univers de Fairy Tail, nourri de la magie des passions de son père
et parfois désappointé par l’offre des jouets modernes de sa génération, dénués de charme. Sans doute marqué par l’épisode de guerre froide faisant rimer course effrénée pour la conquête spatiale et compétition technologique acharnée entre les deux superpuissances que sont l’URSS et les Etats-Unis, son père se passionne et collectionne depuis toujours les jouets traditionnels et anciens, et tout particulièrement les avions, une vraie passion !
Dylan quant à lui sculpte très rapidement ses propres figurines, bricole ses jouets, envahit le jardin de ses œuvres, oscillant entre les univers magiques du Wizard of Oz ou de l’hallucinant Wonderland d’un certain Lewis Carroll. Animé d’une frénésie créative, il ressent un besoin perpétuel de produire, touchant à tout avec brio et enthousiasme. Très jeune, il gribouille et griffonne fiévreusement ses cahiers d’écolier, devenus terrains de jeux et d’expression libre, comme tout support papier qui lui glisse entre les doigts. Mais il fait aussi l’apprentissage de la patience et de la technique quand il s’essaie à la céramique, la peinture, la sculpture, la gravure… Ses bandes dessinées quant à elles sont les esquisses des sculptures qu’il met ensuite en formes et matière. L’imaginaire fait Foi et règle de Loi, à l’opposé de la peinture, pour laquelle tout est clair et limpide dans sa tête, la représentation mentale précédant alors l’ébauche d’un geste.
Au moment d’aborder les études supérieures, New York lui fait les yeux doux, mais la vie y est inabordable et Dylan, attiré par la culture européenne, préfère s’envoler pour l’Allemagne où il passera 6 années heureuses et fructueuses. Depuis presque deux ans, sur le conseil d’amis, il a rejoint le Haut-Berry, séduit par le chant des sirènes de la céramique contemporaine au centre de La Borne. Un travail acharné, beaucoup de bûches coupées pour chauffer son logis à la saison fraîche et une vie sociale quelque peu trop aride pour un jeune homme sociable et gourmand de rencontres et d’aventure !
Pour l’heure, c’est à Roubaix que Dylan est accueilli et présente ses créations à la Teinturerie. Ses tableaux sont des moments de vie, retraçant l’itinérance de ville en ville depuis son installation en Europe. Chaque œuvre relate une tranche de quotidien et de petits riens, restituant une ambiance, polaroïd d’un souvenir ou d’une anecdote. Portugal, Allemagne, Etats Baltes, Italie, France, chaque voyage offre son lot d’instantanés de vie : rescousse d’un pélican en détresse à la nuit tombée, pizza offerte par un inconnu grignotée sur les marches de l’auberge de jeunesse aux portes closes faute de place, lutte COVID acharnée des soignants en hôpital par-delà les bâches plastifiées, dernière “nuit américaine” avant d’embarquer pour l’Europe… D’autres fois, Dylan nous propose des atmosphères plus que des instants saisis : mélancolie larmoyante des essuie-glaces cassés qui font ruisseler d’opacité le pare-brise de sa voiture, confession honteuse des pointes de ses chaussures “toujours en retard” piétinant les petites marches en mémoire du lapin blanc d’Alice, ambiance nocturne de ses petits formats distillant une lumière à la Hopper d’extérieur-nuit…
Dylan nous offre un univers poétique et doux, journal intime de ses pérégrinations. L’accrochage du galeriste, Gilles Bouilliez, est comme toujours tout en nuances et délicatesse, nous permettant de suivre le parcours urbain du jeune artiste tel le fil déroulé d’un récit autobiographique. Quand Dylan évoque ses céramiques, il fait clairement référence à Moebius et l’univers de fantasy. Son vaisseau rouillé tout de céramique n’est point sans rappeler Jules Verne ou “Les cités obscures” de Schuiten et Peeters. Dylan quant à lui évoque sa Caroline du Nord, creuset de la céramique qui influença sans nul doute son intérêt pour cet art, et l’influence des films des studios Ghibli à l’imaginaire sans frontières dont il dévorait la filmographie, “bonding time” fusionnel père-fils me confie-t-il. Des mini créatures se dressent fièrement dans la terre grasse des plantes vertes de Gilles ou dans le sable blanc de coupes de verre, miniatures de personnages qu’il aime à reproduire grandeur nature pour envahir les jardins et territoires extérieurs.
Avec grand sérieux et une passion inextinguible quand on touche à l’art, Dylan est un assoiffé de création et de voyages. Il rejoindra Berlin en novembre prochain, sa New York européenne, résolu à rester sur notre vieux continent, mais d’ici là, et jusqu’au 25 juin, venez profiter de ses “Balades en ville” à La Teinturerie de Roubaix.
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