Orel, ou la féminité assumée, archaïque et première. Orel l’indestructible n’a pas besoin de transgression. Elle ignore la provocation. Elle ose s’effacer. Elle s’ouvre.
Elle laisse parler en elle la matière et ses formes latentes. On voit d’abord la nudité de la pierre, fragile et pure comme une chair d’univers. Des stèles horizontalisées, et des talismans charnels fusionnés au sol comme une peau d’immensité. Étreintes du ciel et de la terre, marquages crus de la femme et de la croix.
Chez Orel, le “Elle”, absolu et incarné, syncrétique et sacral, s’éveille au monde, toujours au-delà des caprices de l’actualité et des idéologies de modernité. Inscrit dans ce qui pourrait être un linceul ou un drap de vie, un corps-univers s’arrache au néant, se libère des mensonges et prend ses élans. Christ(e) au féminin, “Elle” n’est plus dans l’ombre, mais s’intériorise en lumière d’art. “Elle” délivre et se délivre. “Elle” assume et s’assume. “Elle” s’unifie et unifie. “Elle” porte aussi le monde. Pour tous et pour toutes, et à jamais.
Orel dialogue ici avec ses chemins de croix, et le féminin fait voie charnelle et voix d’autorité, quand la terre et le ciel s’étreignent. Chaque pièce créée signe un mouvement, incante à vif l’étendue et marque une étape vers l’élévation finale, en espérance agissante. Orel ose privée les masses de leur masse. Ne reste que la peau fragile de l’essentiel.
En l’or de chaque œuvre s’enclôt la lumière, intime, intemporelle et d’une minérale densité. Une éclairante richesse, plurielle, insondable, aux forts éclats de soleil mental, porte les signes vitaux de la brûlure humaine.
A la fois souples et massives, denses et fluides, les fines sculptures d’Orel surgissent de la nuit des temps. Se dégage un corps élémentaire, exalté, tendu comme une source d’énergie universelle. Ces subtiles sculptures de destin n’ont pas d’âge. Elles ont l’âme durcie des matières envoûtées.
Jusqu’au 13 août 2023
Chapelle des Carmélites – Toulouse (31)
En Une : Orel – N°9
