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On en parle

“Depuis notre terre” Delépine & Les Staëlens

Christian Noorbergen, le 19 novembre 2021

Remarquable exposition dans une vaste et belle galerie très joliment habitée ! Sous un beau titre englobant et poétique, “Depuis notre terre”, les œuvres vastes, ouvertes, et enciellées de Jérôme Delépine dialoguent admirablement avec l’extrême densité, aiguë et surgissante des sculptures magiciennes des Staëlens.

Ghyslaine et Sylvain Staëlens – Sans titre

Ceux-là, venus de tous les ailleurs, artistes prodigieux et plus que singuliers, sont d’absolus veilleurs-éveilleurs. Leurs sculptures à quatre mains secouent les regards et bouleversent nos habitudes visuelles. Ils sollicitent les profondeurs mentales les plus secrètes et les désenfouissent. Un amour indifférencié hante ces rudes œuvres totémiques, tandis que s’impose une stupéfiante fraîcheur d’intemporelle présence que les richesses fabriquées de la modernité ne pourraient jamais salir. Leurs œuvres uniques, âpres et vaguement féroces, sont d’inquiétants gros plans sur les surgissements de l’origine, quand naissent d’autres voies de vie, et d’autres possibles corporels. Eternelle inguérissable enfance de l’humanité.

Jérôme Delépine – Depuis notre terre – Huile sur toile – 2021 – 60×50 cm

Jérôme Delépine est un peintre de haute envergure. Chez lui l’insondable étendue et les pigments fusionnent au profond et se partagent la toile dans les voies silencieuses du grand rêve. Sa peinture d’immensité, distancée et mouvante, est lourde de mémoire ancienne, et marquée d’un rythme profond, comme de si lents mouvements d’univers, captés par la transparence mentale de l’artiste, s’incarnaient, venus du dedans, sur la surface de l’œuvre. Elle ne privilégie aucune direction, elle équilibre horizontale et verticale, et prend distance avec toute subjectivité spatiale.

Jérôme Delépine – Lumière d’Ecosse – Huile sur toile – 2021 – 130×162 cm

Jérôme Delépine prend aussi distance avec l’ego de surface, avec la fascination sommaire des riches couleurs, et les jaillissements gestuels. Sa gamme est insidieuse et assourdie, il n’épuise pas l’instant, laissant venir à lui les murmures profonds des vives et picturales tensions intimes. Et le monde entier, comme en lente gestation, respire. Nature agissante en somptueux paysages d’art et d’âme.

Jusqu’au 12 décembre 2021
Point Rouge Gallery – Saint-Rémy-de-Provence (13)