Tarasques et griffons, phénix et sphinx, licornes et dragons, serpents et monstres marins, à l’évocation de ces mots vos rêves fantasques d’enfant poussant jusqu’aux frontières du cauchemar redouté se réveillent !
Ces drôles de bêtes ne datent pas d’hier, quatre millénaires avant notre ère, elles sévissaient déjà sur notre terre et dans nos imaginaires ! Voyage à travers le temps et le fantastique, la nouvelle exposition du Louvre-Lens titille notre imagination et nous promène de civilisations en continents, riche de 255 objets, peintures, sculptures, dessins, masques, costumes, extraits de films ou d’animés…
Des civilisations antiques où ils préfiguraient les terreurs sacrées au ré-enchantement de notre monde actuel, ces monstres plus ou moins gentils balaient le spectre de 6000 ans d’Histoire et de croyances : figures mythologiques, divinités de tous pays, du Thor de Füssli au Quetzalcóatl mexicain, allégories moyenâgeuses d’un Satan personnifié pour être mieux terrassé, créatures magiques aux forces démoniaques ou protectrices, symboles de nos peurs et désirs enfouis aux frontières du réel, imagerie dans l’art et la littérature post Renaissance régalant l’enfant qui sommeille en chacun de nous, Fantasy et Pop culture…tout y passe !
Vanessa, drôle de créature hybride d’ossements reconstitués s’agitant au son de ses cris de bébé dragonne venue au monde, vous accueille, donnant le ton aux salles à venir aussi denses que variées. Des estampes d’Hokusai présentent les planches de sa “Manga”. Gustave Moreau et Ingres nous plongent dans une mythologie romantique à souhait, tandis que Cocteau dessine des dragons voire des costumes pour l’Opéra de Paris. Dürer, Rembrandt, Gustave Doré ou Félicien Rops s’illustrent en gravure. Paolo Uccello révolutionne son siècle avec les prémices de la perspective et teinte son dragon terrassé par St Georges d’un vert satanique, tandis que Raoul Dufy peint Orphée dans un florilège de couleurs, charmant des animaux aussi réels qu’imaginaires… Marvels ou pochettes de Heavy Metal ne sont pas non plus exempts dans l’illustration de créatures étranges !
Puisque les différentes représentations d’animaux fantastiques ont toujours reflété leur siècle, les œuvres modernes et contemporaines détournent le dragon avec humour comme Tomi Ungerer ou vont jusqu’à évoquer le non genré et renverser la vapeur de codes sexués quand un cow-boy rose à paillettes chevauche une licorne !
Ne vous reste plus qu’à enfourcher votre monture et vous transporter dans les Hauts-de-France au Louvre-Lens pour confronter ces animaux terrifiants ou rigolos. Le plus jeune visiteur lors de ma visite filait à 4 pattes de salle en salle en poussant de redoutables cris devant tant de merveilles, c’est vous dire !…
Jusqu’au 15 janvier 2024
Le Louvre – Lens (62)
En Une : Tomi Ungerer – Dessin pour un projet publicitaire Siegwerk – Abracadabra
