Le Musée Jean Couty, ouvert en 2017, est situé en bord de Saône face à la verdoyante île Barbe. Belle initiative de Charles Couty, fils de l’artiste (1907-1991), qui a rassemblé dans ses murs un fonds considérable autour de l’œuvre de son père.
Ouvert aux richesses de l’art du XXème siècle, le musée accueille régulièrement des expositions temporaires, de Bernard Buffet à Robert Doisneau. Actuellement est présentée une exposition inédite “De Matisse à Chagall, l’aventure des peintres témoins de leur temps“, consacrée à une quarantaine d’artistes qui ont participé de 1951 à 1982 au “Salon des peintres témoins de leur temps”, un des plus grands salons parisiens, dont Jean Couty fut un fidèle, avec plus de vingt participations. On y voit les grands manitous de la plus haute figuration.
Ce salon, fondé par le peintre Isis Kischka invitait des artistes à travailler autour d’une proposition thématique, en rapport avec l’homme et son environnement : le travail, le bonheur, la fête, les quatre saisons, les vacances…, pour traduire la nécessité et la beauté du geste artistique dans le quotidien.
Bernard Buffet, par exemple, avait choisi en 1951, lorsqu’il prit part à la première édition, une “Esquisse pour le Poissonnier“, d’après une étude aux Halles de Paris. Mais dans l’exposition, c’est une autre toile qui est présentée, “Femmes déshabillées, femmes assises“, audacieuse, superbe et un peu glaçante. Tout au long du parcours les princes de la peinture moderne, Braque, Chagall, Cocteau, Matisse, Rouault ou encore Van Dongen, sont mis en lumière, ainsi que quelques lauréats du Grand prix des peintres témoins de leur temps, comme Ambrogiani ou Brayer, avec un portrait percutant de Georges Brassens.
Jean Couty lauréat en 1975, avec “Le chantier du métro“, était déjà un artiste reconnu. Il exposait à Paris chez Katia Granoff, grande marchande d’art passionnée qui a marqué le XXème siècle par ses convictions artistiques et les risques qu’elle n’hésitait pas à prendre. On a vu, exposés dans sa galerie, les Nymphéas de Monet, Foujita, Rouault, Paul Rebeyrolle, Pierre Tal Coat.
Jean Couty était aussi le chef de file d’une école lyonnaise, avec les figures d’André Cottavoz, Jean Puy et Jean Fusaro. Ce dernier, à 98 ans, est venu évoquer, avec humour et émotion, lors de l’ouverture de l’exposition, quelques souvenirs, dont ses premiers pas dans la capitale et au Louvre, “ce lieu de curiosités”. Lui n’avait pas de thème particulier, il aimait regarder, être surpris.
Et dans l’exposition, nous le sommes souvent.
En Une : Jean Couty – Le 11 novembre sur les Champs Elysées – 1973 – Huile sur toile – 162×130 cm
Jusqu’au 28 janvier 2024
L’aventure des peintres témoins de leur temps
Musée Jean Couty – Lyon 9ème
