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On en parle

De Frida Kahlo à Unica Zürn

Chantal Vérin, le 3 juillet 2020

L’étrange au féminin

Le Musée Schirn de Francfort en Allemagne dédie sa première exposition d’après confinement à l’apport des artistes-femmes au surréalisme. Une grande exposition menée en partenariat avec le Louisiane Museum of Modern Art.

« Fantastische Frauen, surreale Welten, von Meret Oppenheimer bis Frida Kahlo », à travers 260 peintures, sculptures, dessins, cadavres exquis, photos et films de 34 artistes internationales, démontre l’impressionnante contribution des femmes au surréalisme, et souligne l’internationalisation d’un mouvement parfois, hélas, réduit aux artistes français autour d’André Breton.

Rêve, inconscient, hasard et métamorphose, et tous les thèmes qui interrogent le monde réaliste se retrouvent dans le travail de ces femmes. Le désir érotique, transposé, est omniprésent. Subversif, venant de femmes affirmant leur besoin de se libérer des carcans de la société bourgeoise.  Déesse, diablesse, fétiche, femme-enfant, ou merveilleuse créature, l’imaginaire masculin est tout imprégné de cette vision, mais les artistes-femmes renversent la perspective, dessinant un modèle affirmé d’identité féminine. Ainsi Leonor Fini remplace le motif de la Vénus endormie du Titien par un nu masculin, Leonora Carrington pose en habit masculin avec une hyène féminisée, le motif de la sphinge apparaît plusieurs fois. Les photos de Lee Müller, collaboratrice de Man Ray avant d’être son modèle, les films de Germaine Dulac, qui préfigurent quelques scènes de « l’Age d’Or « de Luis Bunuel, côtoient avec succès les œuvres bien plus connues de Louise Bourgeois, Dora Maar, Sophie Täuber-Arp.  Toyen est magnifiquement présente, surtout dans un fabuleux tableau où une femme se métamorphose en animal, double effaré d’une féminité transgressive.

Un grand vent de liberté et de créativité anime cette riche exposition, qui présente aussi des œuvres d’artistes vivant et travaillant au Mexique, dans la sphère de Frida Kahlo, et des œuvres plus récentes de l’après-guerre, comme Unica Zürn, toujours présentée au Musée de l’hôpital Sainte-Anne (MAHHSA) à Paris.

A découvrir jusqu’au 5 juillet 2020
Musée Schirn – Francfort – Allemagne