Dans une belle exposition de groupe organisée par La Filature ( Opus 50), David Bartholomeo expose un superbe triptyque imposant, “Kakémono Totem”, œuvre réalisée au cours d’une performance les yeux fermés sur l’improvisation sonore du violoncelliste Raphaël Jouan.
Douceur et brutalité cernent le territoire de création de David Bartholomeo, dans l’étreinte des signes et des traces. Signes inattendus, audacieux et transgressifs. Traces allusives, aventureuses et fugaces. De la tache qui accidente l’intime habitée étendue à la calligraphie hasardeuse et cinglante, de la chromatique solaire à la pénombre embrasée, infinies sont les passerelles en ce vaste et scabreux pays d’art. Il ne craint pas le vide, et chaque œuvre semble en apesanteur.
David Bartholomeo saccage à vif tous les attendus de l’art. Il se joue des normes abstraites et figuratives qu’il sème à tout va, en joyeux chaos porteur d’extrême vie, au bord aventureux de la jouissive transgression. Il ignore superbement l’immobilité mortifère, et ce qu’il saisit est toujours en constante gestation, en perpétuelle expérimentation métamorphique. Son écriture à renouvellement constant est gestuelle et plurielle, hasardeuse et tonique, voire agressive, et cependant étonnamment délicate et fragile.
On dirait parfois, sous des allures de magie sensible, percutante et vibratile, que David Bartholomeo s’attaque à la tyrannie des surfaces comme à la modernité fatiguée et fabriquée. Les extrêmes de la haute création vivante conviennent à ce performeur musicien, à cet inventeur iconoclaste, à ce créateur à risques. Art d’effluves ténus, d’élans jaillissants et de surgissements de vive mémoire.
Jusqu’au 12 août 2023
La Filature – Marcigny (71)
En Une : Les Sheds Kakemono
