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On en parle

Chroniques de l’intérieur

Christian Noorbergen, le 11 janvier 2021

Sabrina Gruss dit l’animalité refoulée du corps, et les élans piégés des racines de la vie.

Sabrina Gruss – La dame blanche

Œuvres en crue, emplies de sécrétions vitales et de matières presque vives, créées à grands traits de cultures fracassées. Emerveillement d’être, en faisant apparaître…. Œuvres de formidable santé, ironie et grotesque mêlés. Un rien scabreuse, elle joue à vif, et très joliment, à saute-morale, et ses œuvres, parfois féroces et toujours drolatiques, sont d’âpres et inquiétants gros plans sur les surgissements de l’origine, quand règne l’indistinction, quand naissent d’autres possibles, et d’autres voies de vie. Elle découpe au scalpel les murs d’apparence qui cachent le primitif. Il sculpte les élans saccagés des racines de la vie, comme s’il arrachait la peau des êtres.

Sabrina Gruss – Le secret

Sabrina Gruss et ses cadavres exquis, ses créatures hallucinées et son art magico-médiéval, est une sauvage créatrice de formidable étrangeté.

Victor Soren fait voie au réel ancien et monstrueux de l’humaine animalité. Aigu et souple, et si maîtrisé qu’il semble avoir disparu, son graphisme subtil domine des territoires désolés d’une dramatique immobilité… Chez lui, la nuit des êtres et des choses affronte chaque entité qui ose se dégager de l’opacité.

Animale ou humaine, chaque créature, chaque apparition, n’est qu’une flaque de vie fragile qui hésite à s’accrocher au réel, et qui craint de naître au monde. L’inguérissable enfance est le lieu féérique et prodigieux de l’art “chargé“ de Soren. Tout naît d’une mémoire en abîme, latente, omniprésente, savoureuse, et formidable de puissance créatrice. En état archaïque, des animaux toujours imposants, en un bestiaire inouï, ont droit de vie et de liberté. Des enfants d’éternité, aux airs de poupée désarticulée, jouent avec eux.

La présentation 72

Jusqu’au 30 janvier 2021
Galerie Ories – www.galerieories.fr