Au cœur du Vieux-Lille, l’Hospice Comtesse accueille « Chambre 207 », nouvelle exposition hors-les-murs de l’Institut pour la Photographie actuellement fermé pour une nouvelle salve de travaux. Telles des toiles à la beauté douce à la croisée du passé revisité et d’un présent reconstruit, les photographies de Jean-Michel André transcendent l’horreur d’un drame familial par-delà le deuil, la souffrance et l’oubli.
En cette belle après-midi d’automne, le soleil filtre au travers des vitraux pastellisés de l’Hospice Comtesse, inondant la salle des malades de cet ancien hôpital du XVIIème siècle d’une lumière douce, propice à la poésie des œuvres de l’artiste. Pouvait-on imaginer lieu plus approprié pour ce devoir de mémoire assorti d’un travail de réparation et de reconstruction ?
5 août 1983. Date funeste pour Jean-Michel André. Quelques heures en amont du drame, l’enfant innocent et heureux dansait sur le Pont d’Avignon, halte impromptue sur la route des vacances, décidée en toute spontanéité par son père. Durant la nuit, un hold-up meurtrier et sordide fait basculer sa vie : ce père tant aimé ainsi que 6 autres personnes sont sauvagement assassinés. La sidération provoquée par le drame génère chez ce bonhomme haut comme trois pommes une amnésie brutale, salvatrice pour survivre à l’horreur. Emotions, souvenirs d’enfance, tout s’efface mais pas sans traces…
Petit Poucet sur les chemins de son histoire personnelle et de ses émotions, Jean-Michel André retrace avec Chambre 207 cette mémoire disparue brutalement. Ni pathos, ni sensationnel, il fait de cette enquête personnelle une quête de ses souvenirs, d’une histoire qui fut ou aurait pu être. Mêlant photos et objets souvenirs à des moments de partage filial, fussent-ils imaginaires ou réellement vécus, du Sud de la France au Sénégal en passant par la Corse, il revit et prolonge l’histoire familiale.
Les boucles d’or de cette bouille d’ange ensoleillent un vieux cliché noir et blanc, face au dessin offert à son père peu avant ce funeste été, tristement prémonitoire, « pin pon pin pon, la police cherche le bandi »… Trousseau de clé, portrait-robot et autres coupures de presse sont autant de vestiges d’une enquête aujourd’hui encore non élucidée. Abhorrant le sordide, Jean-Michel André réduit en petit tas de cendres la couverture d’un Paris Match indécent, préférant la beauté de ciels apaisés et la grâce d’oiseaux envolés. Des vestiges du passé à la renaissance dans la lumière, « Memento mori » inversé, Jean-Michel André se souvient que nous sommes vivants…
Le prix Nadar vient d’être attribué à l’artiste, un ouvrage au titre éponyme est publié aux Editions Acte Sud. Il est à noter que cette exposition sera présentée au Centre Méditerranéen de la photographie en Corse à l’automne 2025.
Jusqu’au dimanche 2 février 2025 Musée de l’Hospice Comtesse – Lille
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