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On en parle

Chaleur Humaine

Gersende Petoux, le 31 juillet 2023

Le Frac Grand Large accueille la deuxième édition de la Triennale Art et Industrie jusque janvier 2024. En différents chapitres et des centaines d’œuvres, “Chaleur humaine” explore les facettes de ce vaste sujet qu’est l’énergie sous toutes ses formes. Origine, exploitation, conséquences, avantages ou méfaits, tout est passé au crible au travers du regard d’artistes, ingénieurs, designers, graphistes, architectes ou encore paysagistes, que la focale s’attarde sur les dimensions physique, socio-économique, humaine et non-humaine ou écologique. 

Le Frac et sa jumelle, la friche industrielle de la halle AP2, mais aussi le LAAC (Lieu d’Art et Action Contemporaine-Musée de France) et l’espace public en sont la scène dunkerquoise. Quant aux déclinaisons dans les Hauts de France, elles sont multiples et inspirées, résonances, expositions, résidences d’artistes essaimant le territoire, notamment à Lille avec la superbe exposition “La chaleur du noir” au 3CINQ.

Laure Prouvost – Poulpe (détail) – Digue de Malo – Chaleur humaine – Triennale Art & Industrie

Un lien ténu entre Art et Industrie s’est noué au fil des décennies, les interactions et répercussions étant aussi inévitables qu’inspirantes entre ces deux domaines, sources inépuisables de débats, frictions, challenges, enjeux sociaux, économiques et écologiques. L’humain est ici au cœur de la problématique et pour mieux comprendre le monde d’hier et préparer celui de demain, ayez la pensée tactile, comme l’artiste nordiste de Croix Laure Prouvost et son poulpe qui, après La Panne-Belgique, déploie ses tentacules sur la digue de Malo. Un céphalopode fascinant dont chaque bras possède son propre cerveau ! 

Diversité et mixité ne sont pas de vains mots. Les artistes jouent de leurs origines autant que de leur technique pour créer des œuvres souvent poétiques mais aussi témoins-coups de poing ! Ainsi la néerlandaise Jennifer Tee nous offre de superbes collages de pétales de tulipes façon batiks indonésiennes, rappelant combien cette fleur fétiche n’a eu de cesse d’impacter l’économie. Du XVIIème siècle où la tulipomanie enflammait l’Europe à nos jours, où culture intensive et mondialisation résonnent dramatiquement sur l’écologie, cet emblème des Pays-Bas est aussi enchanteresse qu’empoisonneuse pour l’environnement.

Jennifer Tee – Tampan Sessile Beings – Sacred Shrine – 2022 – Tulip petal collage on paper – 170×165 cm

L’artiste ghanéen El Anatsui présente quant à lui un manteau royal, “Sasa”, qui émerveille et réchauffe les murs du FRAC, une œuvre à appréhender à toutes distances. L’apparente sculpture monumentale-tapisserie aux brillants et chatoyants atours révèle, quand on s’en approche, une foultitude de capsules tissées dans un inextricable maillage, témoignant des heures révolues de la colonisation quand les européens importaient des bouteilles d’alcool. Rapports complexes entre les deux continents, économiquement, déontologiquement et historiquement.

Pour cette deuxième édition, le Frac et le LAAC se sont entourés de partenaires prestigieux : le Musée national d’art Moderne – Centre Pompidou et le Centre national des arts plastiques (Cnap). La Triennale souhaite en effet devenir un rendez-vous incontournable en France et en Europe.

Je ne le dirai jamais assez : tous à Dunkerque !

Jusqu’au 14 octobre 2023
La Chaleur du Noir
Fabrice Cazenave, Lucie Marchand, Yosra Mojtahedi – 3cinq – Lille (59)
Jusqu’au 14 janvier 2024
Triennale Art & Industrie – Frac Grand Large – Dunkerque (59)

En Une : El Anatsui – Sasa (manteau) – Chaleur humaine – Triennale Art & Industrie – Frac Grand Large – Hauts-de-France