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On en parle

Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940

Chantal Vérin, le 3 septembre 2021

Formidable exposition au mahJ, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme. À travers plus de 130 œuvres et de nombreux documents inédits, l’exposition « Paris pour école » renouvelle le regard sur cette génération d’artistes juifs arrivés à Paris entre 1900 et 1914.

Leur soudaine apparition, dans un monde où critiques et marchands d’origine juive étaient déjà présents, a pu faire croire à l’existence d’une « École juive », et a suscité un antisémitisme hélas virulent dans les années 1920. Mais au-delà d’un même désir de s’affranchir des cadres de la vie juive, de maîtriser leur art et de gagner une certaine reconnaissance, tous se retrouvent dans la volonté de mener, à l’instar de tous les artistes de l’époque, un itinéraire singulier.

Amedeo Modigliani – Portrait de Dédie – Huile sur toile – 1918 – Centre Pompidou, MNAC – ©Centre Pompidou – MNAC – Dist. RMN Grand Palais/Georges Meguerditchian

Ces personnalités d’exception ne sont en réalité d’aucune école, mais sont liées par une histoire partagée, par un idéal de création et, pour certaines, par un destin tragique… L’un des intérêts de l’exposition est de montrer des œuvres méconnues, voire des pièces de jeunesse, de quelques très grands artistes (comme Sonia Delaunay, Chagall, Soutine, Pascin, Zadkine ou Modigliani), mais aussi de faire découvrir au grand public des artistes à la fois remarquables et trop peu connus, de Léopold Gottlieb à Mela Muter, d’Alice Halicka à Georges Kars. Pascale Samuel est la commissaire de l’exposition.

L’accès aux disciplines artistiques étant souvent limité dans leurs pays
d’origine, de la Lituanie à l’Europe Centrale, ils espèrent à Paris se confronter à la modernité et devenir en toute liberté des créateurs à part entière. Pour les étrangers débarquant à Paris au début du XXe siècle, la capitale est un foisonnement d’énergies et le lieu d’expressions nouvelles.

Chaïm Soutine – La Liseuse – Huile sur toile – 1940 – Centre Pompidou – MNAC

Les cafés deviennent le rendez-vous de la bohème artistique, le Dôme devient ainsi, dès 1903, un cœur effervescent, à proximité des académies de Montparnasse. On parlera même des « dômiers » !

Leopold Gottlieb – Autoportrait – Huile sur toile – 1907

La Ruche est fondée à l’orée du siècle, en 1902, puis Fauvisme et Cubisme vont encore accentuer la créativité existante. Les peintres et les sculpteurs, côtoient des artisans, des poètes, des écrivains, des acteurs. Quand surgit la Grande Guerre, témoignant d’un engagement profond pour leur patrie d’adoption, l’enrôlement des étrangers dans l’armée marque une étape majeure dans leur intégration au sein de la nation, qui se traduira par leur naturalisation à l’issue du conflit. Et Paris devient la capitale de la création artistique mondiale.

En une : Ary Lochakow – Le poète David Knout (détail) – Huile sur toile – 1923 – Photo©mahJ/Christophe Fouin.

Jusqu’au 31 octobre 2021
MAHJ – Hôtel de Saint-Aignan – Paris 3ème
Réservation obligatoire – www.magh.org