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On en parle

Brigitte Terziev

Christian Noorbergen, le 23 juin 2020

Cinq grandes sculptures monumentales de Brigitte Terziev hantent le Musée Saint Roch d’Issoudun, remarquable musée de province où les marges du surréalisme sont très présentes, de Pierre Bettencourt à Léonor Fini. Et les œuvres de Fred Deux et de Cécile Reims figurent parmi les plus belles de France.

“Je suis entrée dans la sculpture pour trouver un couloir. Je me suis servie d’elle pour rentrer dans les entrailles des émotions, dans les tenailles vives de l’effroi humain. Ils concrétisent quelque chose qui est dans mon inconscient“, ainsi parle Brigitte Terziev de ses magistrales sculpturesnéesde la prodigieuse série des Veilleurs. Archaïques, intemporelles et plus que puissantes, ces grandes pièces incantent les jardins du musée comme autant de passerellesentre l’homme et ce qui le dépasse : le cosmos, les territoires interdits et les dieux. Ces Veilleurs d’outre monde ne quittent jamais leurs secrets, ils ne se montrent pas, et ne cherchent pas la rencontre. On dirait ces entités surgies d’un chaos de tombes, de tombeaux magiques et de la poussière d’ailleurs. Ils verticalisent l’énergie humaine et surhumaine comme s’ils avaient traversé tous les désastres et vaincu la mort. Ils ont subi toutes les blessures du monde qu’ils portent sur eux et en eux, mais ils sont autres, et au-delà. Ils viennent des espaces non frayés de la sensibilité.lls sont indéchiffrables. Ils sont dans la tragédie“. Autour de ces âpres sculptures, en demeure pérenne dans le musée, l’espace est plus dense, et l’on ose à peine respirer. Grande haute sculpture, entre effroi et fascination.

A Issoudun, on peut voir, pour la première fois exposées en France dans un musée, les denses et verticales peintures de Brigitte Terziev. Entités transparentes, étrangement fragiles, étrangement dominantes, ces créatures vêtues de pure peinture naissent de l’abîme et de l’opacité. Elles font passerelles vitales avec les sculptures, et de visibles traces corporelles, au sein d’un corps spectral et esquissé, les rapprochent, en profondeur incarnée, de l’humaine condition.

A découvrir jusqu’au 6 septembre 2020
Musée Saint Roch d’Issoudun – Issoudun (36)