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On en parle

Art’Up 2023, une visiteuse pas ordinaire…

Gersende Petoux, le 21 mars 2023

A l’occasion de cette nouvelle édition d’Art Up, 15ème du nom, je prends conscience, au gré des journées et soirées qui s’enchaînent, de l’œil aguerri que je suis en légitimité de poser aujourd’hui sur le salon. Voilà de nombreuses années que j’arpente cette foire d’art contemporain mais pour la première fois avec un regard expert et de multiples postures ! Au risque de pâtir d’un dédoublement de personnalité, je me sens tantôt journaliste, copine, ambassadrice, collaboratrice, dénicheuse de pépites ou visiteuse…plus tout à fait ordinaire !!!

Vue du stand de la Melting Art Gallery – Grégory Valentin sur le mur de gauche – Jean-Baptiste Dumont à droite –
Sculpture Isabel Miramontès en premier plan – ©Gerssende Petoux

Le jour 1, celui du vernissage, est dévolu aux “relations publiques”, m’invitant sur le stand des visages connus et reconnus, ceux que j’ai pu appréhender ces derniers mois, au gré de rencontres, interviews, vernissages et bien souvent de petits textes en finalité ! Me voilà donc bien évidemment à la Melting Art Gallery, où je retrouve avec plaisir et en amitié Grégory Valentin et Pascaline Bonnave, à l’Acid Gallery le temps de saluer Vincent Lelièvre et Wayne Danza, au 3CINQ pour échanger chaleureusement avec la douce Yosra Mojtahedi (François Réau n’ayant pu venir faute de résidence d’artistes !) ou chez Vincent Bonduelle admirer le dialogue entre les peintures monumentales de Sylvie Cairon et les sculptures de Marie Roulland… une liste non exhaustive au risque de froisser les autres !

Jérémy Moncheaux en pleine création de sa fresque – ©Gersende Petoux

Mon coup de cœur de la soirée prête ses traits à un Gavroche du paysage industriel de la métropole : Jérémy Moncheaux. Sur le stand de l’espace d’art contemporain de Lasécu, Jérémy réalise chaque jour du salon une fresque haute en charbon, noircissant les panneaux de papier froissé ornant les murs du stand des vestiges de ces usines aux lignes graphiques, riches d’un passé ouvrier des plus symboliques. Je reviens bien évidemment tous les jours admirer et m’imprégner de ce “work in progress” d’un tout jeune artiste, si accessible et si simple, qu’indéniablement je reverrai bientôt pour écrire je l’espère un texte à la hauteur de son talent !

Vue du stand de la Galerie Hammer – Laetitia Vasseur – Masi – ©Gersende Petoux

Le jeudi rime avec “La nuit de l’art” et j’honore ma promesse de donner un coup de main amical à la Galerie Hammer, un petit écrin ouvert par Fanny voilà moins d’un an dans le Vieux Lille. Cette soirée me permet de rencontrer ses artistes féminines présentes sur le stand, Marie Amedro, Laetitia Vasseur, Adeline Flipo et Frédérique Delcourt. Une belle occasion de vivre un moment de douceur et de grâce avec ces femmes qui, non contentes d’être talentueuses, sont à la fois sympathiques, passionnées et adorables mais surtout, surtout, l’incarnation d’une solidarité, presque une fraternité, qui me va droit au cœur. Ô temps suspend ton vol, ai-je envie de dire à l’issue de cette nuit magique… Je repasse aussi à Labanque de Béthune, ce centre d’art installé dans les locaux de l’ancienne Banque de France, où exposait François Andès il y a peu… Un lieu d’exception qui amuse la galerie en ayant posté au-devant du stand un énorme coffre-fort que l’on nous invite à dévaliser pour ramasser des poignées de pièces d’or…en chocolat ! Inutile de dire que j’y reviens tous les jours !!! En contrepartie, puisque j’ai vendu mon âme au diable de la gourmandise, je leur promets une visite prochaine dans leur belle ville de Béthune pour découvrir la double exposition présentée : “Femmes guerrières – Femmes en combat” et “Faux semblants” de Jade Boissin. 

Vue du stand de la galerie Jean-Luc Moreau – Sculptures Christophe Catelle en premier plan – ©Gersende Petoux

Vendredi après-midi, nouveau ton ! C’est en compagnie de Jean-Jacques Maho que j’arpente les allées. Tout juste revenu de Marciac où il expose actuellement à l’Âne Bleu. Jean-Jacques est venu dire bonjour aux copains. Au vu de l’étendue de son réseau, je suis comblée de nouvelles rencontres et de fous rires garantis ! Le pétulant Christophe Catelle chez Jean-Luc Moreau nous fait partager ses magnifiques sculptures en buis, “un travail sur les apparences” nous dit-il. “Ce sont toujours des individus, tout dépend de ce qu’ils ont vécu”. L’apparente douceur et le poli du buis révèle en fait une grande violence, la confrontation de l’intérieur et de l’extérieur à l’origine des cicatrices de ces troncs…
Nous avons aussi tous deux un coup de cœur pour les aquatintes de Pablo Flaiszman, artiste argentin résidant et travaillant aujourd’hui à Paris. Il est exposé à la galerie liégeoise de Christine Colon et mis en lumière conjointement sur le stand, une juste rétribution de son œuvre aussi poétique qu’énigmatique, de belles gravures aux frontières de l’introspection. Solitude et questionnement de l’homme et des objets dont il est accompagné illustrent des moments de vie, de labeur, de convivialité, de pause et d’abandon, une inclinaison à la beauté mélancolique des êtres et des choses… Deux très belles rencontres qui, patientez un peu, vous donneront à lire sur Aralya sous peu !

Samedi, j’ai la chance de partager un moment avec Igor et Anna Stepanov. Tel un enfant surpris de découvrir que finalement le Père Noël existe bel et bien, Igor n’a point assez d’yeux pour dévorer les trésors qui s’offrent lui et pose un regard émerveillé sur le salon. Sa passion et son empressement fiévreux l’égarent rapidement de notre chemin commun, l’occasion de revenir sur d’autres coups de foudre personnels.

Vue du stand de la galerie Espiral – ©Gersende Petoux

L’espagnol Manolo Messia à la Galerie Espiral me régale de sa passion pour l’art et pour ses artistes. Outre son propre travail d’abstraction, dont notamment son coloré “Perdidos en el jardin”, acrylique et huile sur papier qui m’a de suite attirée, il présente les œuvres du marocain Khalid El Bekai et du barcelonais Joaquin Cano. Le premier joue avec différentes techniques, collage, acrylique, aquarelle et crayons pour proposer personnages et scènes de rue aux tons ocrés, une invitation à l’Afrique et une plongée chaleureuse dans un univers presque naïf. Le second rend grâce à l’archéologie du paysage, dont “l’idée”, dit-il, “ne se trouve pas tant dans l’objet que l’on contemple mais dans le regard qui le contemple”. Ses encres de Chine sur papier parlent avec poésie du sud de l’Espagne non sans rappeler la baie d’Halong ou les pains de sucre de Guilin, tant par la technique et le format usité que par l’émotion dégagée. Messia est également directeur et commissaire d’un Symposium international à Noja qu’il monte contre vents et marées de l’Atlantique en ces temps difficiles depuis 23 ans déjà ! 

Vue ensemble Art’Up – ©Gersende Petoux

L’ambiance familiale et l’atmosphère badaude du dimanche donne lieu à une dernière incursion au Grand Palais. Je revêts mon costume de maman, jeans-baskets et ma fille comme accompagnatrice. Je la laisse décider des stands à découvrir tout en lui présentant ceux qui ont ponctué mon programme des jours derniers. C’est aussi l’occasion d’interviewer Pablo Flaiszman au stand presse et de revenir chez la chaleureuse Nicole Gogat pour admirer les peintures de Sophie Bassot qui “propose le paysage comme un texte, dont les pigments sont des mots, les glacis la ponctuation” et à “l’Espace du dedans” qui exposera le 24 mars prochain les collages de Louise Carbonnier dont j’ai visité l’atelier il y a peu et présente les travaux d’une révélation Art Up, Luc Leblanc. 

Une belle édition s’achève, les dernières heures ébullitionnent de l’effervescence du démontage, des au-revoir et de la promesse d’expositions présentes et à venir, à l’année prochaine !

En Une : Vue d’ensemble du Salon – © Gersende Petoux