Véronique ATTIA
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Atelier Galerie ATTIA
45 rue de la plage
50380 Saint Pair sur mer
Véronique ATTIA
Bio
Sortis de l’oubli
Un imaginaire baroque et foisonnant !
Les œuvres rassemblées dans cet ouvrage sous le titre Sortis de l’oubli appartiennent à une suite
composée alors que l’atelier de Véronique Attia était en travaux et que son espace de travail se
réduisait quasiment à une table dans une pièce encombrée.
Dans cet espace-temps restreint, ouvert comme une brèche dans son quotidien d’artiste, elle s’est
autorisée à explorer une nouvelle piste et une nouvelle technique avec un résultat séduisant par la
forme et riche de profondeur.
Imaginez-vous à l’entrée d’une grotte sombre où la lueur d’une bougie dévoilerait sur les parois des
visions chimériques, comme autant de réminiscences d’outre-temps.
Avec l’accoutumance, le regard se pose et l’on distingue alors ici un bestiaire figurant des animaux
symboles de puissance ou de douceur (taureau, âne, lion, agneau ou oiseau …) et dont beaucoup sont
chargés de connotations bibliques; là, des scènes où des silhouettes spectrales semblent se livrer à des
rites paÏens ou chrétiens, on ne sait pas … plus loin, des totems à figure humaine, comme crucifiés sur
le fond noir, certains au visage exprimant une candeur enfantine, un autre le visage tourné vers le ciel
dans une forme de supplication muette; plus loin encore, des créatures anthropomorphes, mi-homme,
mi-animal, comme convoquées par une incantation chamanique; et plus loin aussi, des portraits
ancestraux d’une mémoire bien présente.
Les évocations sont multiples et les références s’entremêlent, comme autant d’échos de cultures
sédimentées au fil du temps, mythes et croyances religieuses, contes et récits des origines…
Sont évoqués également la complicité entre l’homme et l’animal, le miracle de la vie, la souffrance,
l’amour, la mort…
Les strates temporelles s’interpénèrent dans un tourbillon créatif sublimé par la technique utilisée.
Les œuvres sont réalisées par superpositions et assemblages de textiles : toiles anciennes, tulle, vieilles
dentelles, chutes de passementerie, retravaillés à l’aide de pigments, encres à la gomme laque, brou de
noix … dans des tonalités sourdes qui jouent avec le blanc et le noir, et toute la gamme des ocres,
jaune, rouge et brun. Ce choix apporte une touche poétique qui vient caresser le regard et donne chair à
ces oubliés.
Çà et là, une trouée bleue offre une échappée vers le ciel – désir d’élévation ou espoir de rédemption.
Certains détails sont tracés au trait ( les détails d’un visage, un cordon ombilical), et soulignent
l’importance vitale du lien, lien qui unit la mère à l’enfant, l’homme à la femme, l’animal à son maître et
qui, au-delà, relie la communauté des hommes.
Derrière son apparente séduction, cette geste mémorielle nous raconte comme par le biais de sauts
associatifs en technique analytique l’histoire d’un homme hanté par la culpabilité originelle, la nostalgie
du paradis perdu, l’innocence bafouée, l’angoisse ontologique matérialisée par le cri silencieux de La
momie qui fait la couverture de cet ouvrage – le cri primal qui transperce le silence des origines.
Mais elle nous conte aussi l’amour d’une mère, le mystère des attirances, la fidélité indéfectible de
l’animal, la force du sacré.
Comme si, au-delà de la conscience individuelle de l’artiste, l’inconscient collectif de tout un peuple
s’exprimait ici par bribes surgies des tréfonds de la mémoire, et sur lesquelles plane l’ombre de la
Shoah.
Avec Sortis de l’oubli, sans doute Véronique Attia a-t-elle réussi à transcender à sa manière le vécu juif
et algérien-français de sa famille et, par extension, celui de tout un peuple sempiternellement pris dans
les rets tragiques de l’Histoire.
Filiation assumée et œuvre de rupture, Sortis de l’oubli est sans aucun doute la réalisation la plus
personnelle à ce jour de Véronique Attia, et marque un tournant décisif dans son parcours créatif.
Audrey MARTY DOTREMONT
L’Art coup de coeur
20 septembre 2022 Rennes