Loin des frontières parfois sanglantes qui séparent les grandes religions récentes, le chamanisme dit l’unité d’une conscience humaine liée aux forces de la nature et vécue en pratiques créatrices par l’artiste sur-inspiré et traversé.
Le chamanisme, fût-il éclaté dans le monde, est donc prodigieusement unitaire. Il témoigne d’une fabuleuse recherche d’un sens profond et secret qui pourrait harmoniser la condition humaine. On le sait, nombres des artistes sont des passeurs d’âme, des veilleurs et des éveilleurs, et la peinture elle-même est une langue plus ancienne que la langue des mots…
Art d’appel et de pouvoir. Art de dialogue : appeler, être appelé. Le chamanisme, comme la création artistique, est une communication préverbale. Le chamane élargit son champ de conscience, sort du sac de peau, et part à la rencontre d’autres esprits. De Jano Pesset aux Staelens, de Marc Felten à Sylc, infinis les passages en pays d’art et d’âme lointaine…
SylC, artiste, parle “d’auto-hypnose en lâcher-prise. La place occupée par l’inconscient et le mysticisme est essentielle… Pour moi, peindre, c’est définitivement un acte chamanique…“.
Selon Guy Ferrer (peinture – penseur – en introduction de l’article – ndlr) “Chez les chamans d’Amazonie, on interroge le visible pour comprendre ce qu’il y a derrière… L’art est un onguent sur les plaies de l’esprit.En partant du visage d’un jeune homme blanc, jusqu’à celui d’une vieille femme noire, je veux explorer l’humain tout simplement, dans sa variété et sa constance“.
Pour Dominique Albertelli, l’autre corps, le corps vibratoire est plus important que le corps physique et visible, et “les artistes sont des chamanes sans le savoir. Par l’art, comme le chamane guérisseur, on insuffle“. Si l’altérité, l’animalité et la vie instinctuelle, constituent l’autre enfoui et sacrifié de l’homme moderne, Dominique Albertelli reconnaît dans sa propre peinture l’effet surgissant de la présence animale, surtout quand “les animaux ont l’air plus sage et plus pur que les humains“.
A l’image répétitive du corps ordinaire succède l’image éclatante d’un corps mystique en pleine transmutation, dans l’indéfini d’un paysage ouvert à ses propres métamorphoses.
