Il ne savait ni lire ni écrire, dit-on d’Anselme Boix-Vives. Né en 1899 en Espagne, dans une famille nombreuse et très pauvre, il garde moutons et cochons, ignorant l’école. Émigré en France, au travail à l’usine, il préfère la vente de fruits et légumes au moyen d’une charrette à bras.
Puis il achète une épicerie à Moûtiers en Savoie, qu’il ne quittera plus. Il entre en peinture sur le tard, à la retraite, en 1962, encouragé par l’un de ses fils. Dans sa petite cuisine-atelier, en l’espace de sept ans, il peint 2400 peintures et dessins jusqu’à sa mort, en 1969.
Cet homme peu ordinaire crée un univers profondément original, complexe, fait de figures surgissantes et de couleurs vives, sans dessin préalable, impulsivement, pour donner forme à ses rêves et à ses visions. Il peignait sur des cartons et des papiers de récupération, à la gouache, au crayon gras, au stylo-bille, puis à la peinture à l’huile, exposant dans son épicerie, tout en développant son étonnant “Plan pour la Paix”. Il voulait “faire quelque chose avant de mourir pourempêcher ces guerres atroces“, proposait des solutions fantasmatiques contre les inégalités et la pauvreté, toute une généreuse utopie qui transparaît dans sa peinture.
Diverses influences se mêlent pour donner corps à ses compositions picturales. De son enfance paysanne, au contact de la nature et des animaux familiers, est né un bestiaire fantastique, enrichi des images télévisuelles d’émissions animalières, où l’on reconnaît des écureuils, une biche, des oiseaux, ainsi que le monde fantasmé de la jungle. Des fêtes religieuses espagnoles, il retient le décor féérique et chargé de l’autel.
Des petits personnages apparaissent, parfois un peu effrayants et sarcastiques, le visage barré d’un rictus, inventés ou inconsciemment inspirés des arts d’Afrique, d’Asie, et du Vaudou. Partout des fleurs orange, ou d’un rouge agressif, envahissent l’espace, saturent le vide, sans créer d’échappée vers le lointain. Présence immédiate et tonique, dans une charge impressionnante.
Les formes sont toujours simplifiées, les couleurs tranchées, avec surajout de touches pointillistes qui cernent le personnage principal.
L’œuvre d’Anselme Boix-Vives fut remarquée d’abord par Corneille. André Breton, sensible au grand projet de pacifier le monde, a fait l’acquisition de quelques œuvres. Le succès est venu très vite, au-delà de nos frontières, et quelques grandes expositions, dont une rétrospective à la Halle Saint-Pierre, à Paris.
Par la nature obsessionnelle de l’œuvre, l’aspect visionnaire intime, et le monstrueux qui apparaît çà et là, Anselme Boix-Vives est reconnu par le monde de L’Art Brut.
Ses petits-enfants font vivre l’œuvre de leur célèbre grand-père. Philippe Boix-Vives, musicien, par sa composition “La roue qui tourne“, une œuvre-hommage pour cordes, et Julia, elle-même artiste, par une performance inspirée par le tableau “Jolie dame fumeuse“. Beau catalogue.
En Une : Anselme Boix-Vives – 1963 – 177 – fra56
Jusqu’au 30 août 2023 Musée d’Art Brut – Montpellier (34)
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