Alain Nahum, artiste pluriel, pratique en maître la photographie, le dessin et la peinture. Créateur décalé, il sait regarder, en bas et en haut. Il invente quasiment ses cibles ses matériaux et ses planches de salut, ou bien, œil et hasard mêlés, il les ramasse ici ou là sur les trottoirs des villes, dans des paysages inventés, dans les forêts du monde, ou dans l’intimité la plus secrète.
Regard en scalpel, il sait créer du ciel avec miroirs de la modernité : « Je laisse mes images me mener à d’autres images, elles surgissent comme des fragments silencieux de pensées, parfois énigmatiques, composant des bribes de récits. Suggérer plus que dire. »
Ses tumultes secouent les habitudes visuelles et les pauvres inerties de tous les langages fabriqués. Oui, les objets abandonnés ont une âme. Les photographies chamaniques d’Alain Nahum, selon Marie Vitoux, « laissent planer les traces intimes de l’être humain. Ces chiffons malmenés, bichonnés, jetés, dénouent, dans le passage houleux de la vue, leurs silhouettes blanches, vivantes, fascinantes. Cette chorégraphie de fantômes revitalisée, résurgences de Kantor ou de Beckett, nous ramène à un présent tumultueux ».
Les durs éléments du monde actuel sont subtilement présents dans ses œuvres. Chez Alain Nahum, l’ego n’existe pas. Il témoigne en artiste, et sans outrance, des cruautés vécues de la réalité humaine. Ses silhouettes, dessinées ou peintes sont fragiles, hétérogènes et troublantes. En errance d’âme, en sublime dénuement, elles surgissent du néant. On voit des taches d’êtres. Des traces humaines qui tressaillent dans la nuit. Des esquisses d’humanité. Elles incantent sans fin l’étendue.
Jusqu’au 21 octobre 2023
Galerie Marie Vitoux – Paris 4ème
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