Suzan ÖZTÜRK
Bio
Le fil rouge de Suzan Öztürk…
Le fil rouge de mon travail est le dessin, pour la puissance du trait. Qui ouvre, fend, lacère l’espace de la feuille ou de l’installation à grands coups de traits. Pour moi, l’espace du papier ou des Installations gestuelles sont des enveloppes corporelles que je traverse, pour extraire une figure plus réelle, plus vraie de l’humain. Le dessin est un langage, une affirmation de ce qui est déjà là mais que l’on ne voit pas. Le trait, la ligne me parlent pour leur pureté, leur force, pour l’évidence immédiate qu’ils révèlent. Le trait est si puissant qu’il annihile la barrière entre le figuratif et l’abstrait, et devient concept. Ma tendresse pour le papier et le noir du trait vient de celle que j’ai pour les livres, pour les lettres noires imprimées sur le blanc des pages de mes premières lectures. C’est probablement de là que vient cette tension entre le noir et le blanc, entre le plein et le vide. Mon travail passe par le ressenti et l’expérimentation. Je cherche à ce que le spectateur soit touché sans qu’il sache pourquoi. Le minimalisme, le geste et la ligne constituent le fil rouge qui relie chaque dessin et chaque Installation gestuelle, unifiant l’intime et l’espace.
Ma démarche est une recherche, un processus en mouvement, qui ne se limite pas à des travaux isolés mais s’inscrit dans une continuité du faire, où chaque pièce complète un tout. Chaque dessin, chaque installation est une mise en abîme de l’être-là. Je ne cherche pas à produire une oeuvre. Mes dessins sont un raccourci pour dire ce que je ressens. Je ne fais pas de croquis. Si une émotion surgit avec quelques traits, le dessin est réussi, abouti. Je ne reprends jamais un dessin.
J’ai besoin d’une certaine férocité quand je travaille. Chaque geste entre en tension avec la matière, un combat entre une pulsion intérieure et sa résistance. La matière ne répond pas toujours, elle impose ses limites. Je tire des lignes, des traits, j’ouvre, je creuse d’entre les interstices. C’est là que tout se joue. Mon travail ne passe pas par le mental, mais par l’intuition et la spontanéité du geste, qui est vibratoire. L’espace devient un prolongement du geste. Je ne sais jamais ce qui va surgir. Chaque dessin, chaque installation est un acte vivant. […]
En quelques mots, son premier choc artistique…
Pour Suzan, le choc artistique pour était d’aller à la découverte de ce qu’elle pouvait puiser en elle-même pour répondre à cette urgence de créer. Elle devait avoir 22 ans lorsqu’elle a acheté de la terre à sculpter pour la première fois. Elle se souvient encore très nettement de cette sensation de connexion profonde avec la matière. Ce moment l’a réellement fait prendre conscience que désormais, elle se consacrerai pleinement à l’art.
Le portrait chinois de Suzan Öztürk
Si vous étiez une oeuvre, vous seriez : « Le cauchemar », Johann Heinrich Füssli (1781)
Si vous étiez une couleur, vous seriez : Le blanc du papier, espace que j’habite par le noir en traits.
Si vous étiez un pays, vous seriez : Hamzahacili, le petit village où je suis née et que j’ai quitté trop tôt.
Si vous étiez un livre, vous seriez : « Correspondance à trois » de Rainer Maria Rilke, Boris Pasternak, Marina Tsvetaïeva.
Suivre Suzan Öztürk
« L’art, c’est ce qui me permet de m’asseoir en moi, de me mettre en marche. »
