Ce qui se crée chez Pierrette Cornu, artiste vive de la défiguration, vient d’avant le corps construit, dans les nappes phréatiques du mental profond.
L’artiste ne fait pas corps fabriqué avec son langage intime : toujours elle cherche de nouvelles sources régénérantes, là où tout se dissocie, dans un cruel effort d’arrachement aux obscures présences des origines. Elle s’oxygène aux structures nourrissantes et archaïques des mythes. En creusant sa dé-corporéité, son corps pré-verbal en constante gestation, Pierrette Cornu cherche et fouille l’origine de son corps, et de tous les corps d’humanité.
Elle investit le monde du dehors et celui du dedans. Celui du réel enfoui et des rêves qui voyagent. Elle franchit ainsi les verrous qui barrent l’accès au réel ancien, à la fois sain et monstrueux de l’humaine animalité. Chez elle, l’humain et l’animal s’étreignent sans fin, dans la fusion fantasmatique aiguë d’un esprit qui retrouve la magie créatrice d’un chamanisme intemporel.
Sous la peau renouvelée couve l’inguérissable enfance de l’humanité blessée. Art-exorcisme qui défigure en profondeur la trame d’une étendue finement bouleversée. En indicible et étonnante finesse graphique et chromatique. Plus ancienne que la présence humaine, l’image sidérante du corps animal, des sommets du divin jusqu’au gouffre de l’intériorité, hante la création contemporaine.
Conquis par sa personnalité créatrice, Teddy Tibi a attribué il y a peu le Prix Art Absolument à Pierrette Cornu, lors de la vingtième édition du Salon ArtCité, et ce sur 336 artistes !
Jusqu’au 29 avril 2023 – Galerie Paragone – Bergues (59)
En Une : Printemps – 2022 – Technique mixte sur toile – 100×81 cm
