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On en parle

Clément Borderie

Christian Noorbergen, le 26 juin 2020

Ses traces de nature et de temps

Infimes, subtiles et fascinantes, les empreintes d’art et de nature que recueille Clément Borderie, marquées d’une infinie finesse, sont uniques en création contemporaine. Son secret est d’apprivoiser les puissances secrètes de l’univers, pour les rendre subtilement visibles, incarnées dans une toile fragile, tendue ici ou là en un lieu habité et chargé. Pour rendre l’invisible agissant et concret.

 « Ma recherche est dans ce que les forces du vivant nous renvoient ». C’est l’impact sur le sol, sur la roche ou sur l’arbre, qui prime, dans l’ascèse, la décantation et le dénuement. Le travail du temps, dans une approche quasi scientifique, est devenu pour Clément Borderie une obsession. Dans son secret dialogue avec la matière, il « décide d’inventer des matrices et de fabriquer un vocabulaire de formes et d’instruments de mesure pour capter le temps ».

Ce qui s’inscrit sur la toile, grâce au temps, est toujours différent, et l’espace, travaillé par la durée, s’anime. Captée, l’énergie imprègne la toile. La maturité de l’artiste, fruit d’années de réflexion, est de résister à l’envie d’utiliser la main, sublime outil d’humanité. « Il m’a fallu des années pour ne pas toucher à une toile. Comment comprendre le vivant, sinon en se mettant à distance, en n’intervenant plus avec qu’avec le regard ». 

Clément Borderie, qui posait ses matrices où son regard le portait, n’a plus besoin de ces intermédiaires. Il place sa toile de coton à l’endroit décidé. Et la toile devient pur lieu d’art habité par le temps. « Je travaille avec toutes les forces du vivant, là où il y a de l’énergie ». Ce sont taches de haute vie, intenses et indomptées